Interview: tuteur un métier d'action et de communication


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Interview: tuteur un métier d'action et de communication
Interview: tuteur un métier d'action et de communication
Monsieur A. M n'a pas sa langue dans sa poche. Personnage enjoué, agréable, il fait partie de ces bons vivants qui ont le sens de la communication et de l'échange facile.  Mandataire judiciaire à la protection des majeurs,  depuis 9  ans, il nous livre les coulisses de sa profession.


Retraite Plus (R+): Monsieur M , comment êtes - vous arrivé à l'idée d'exercer la profession de mandataire judiciaire à la protection des majeurs? Quel est votre parcours?

A.M: Au départ, j'étais juriste. J'ai travaillé au ministère de l'intérieur mais je n'avais pas spécialement envie de rester dans la fonction publique. C'est une amie qui était tutrice à l'époque, qui m'a guidé vers cette profession. J'ai donc d'abord commencé à travailler en association tutélaire puis j'ai obtenu le certificat national de compétence devenu obligatoire pour tous.

R+: Est-ce que l'accès à la profession est compliqué?

Désormais, la formation est devenue coûteuse mais je dirais plutôt que le plus gros problème n'est pas d'obtenir son diplôme mais d'arriver à exercer. En effet, pour pouvoir travailler, il faut être inscrit par le Procureur sur la liste des mandataires agréés. Or, l'agrément dépend du schéma directeur au niveau régional  qui établit les besoins pour les 5 ans à venir. Il peut donc arriver, que pour des raisons statistiques, la personne diplômée n'obtienne pas son agrément. Une fois, l'agrément acquis, la question des dossiers à traiter se pose. En région parisienne, nous avons la chance de pouvoir être agréés auprès de chaque tribunal d'instance, alors qu'en province ce n'est pas le cas. Il faut un agrément par tribunal d'instance. En outre, je pense que l'on peut dire que 20% des mandataires judiciaires à la protection des majeurs se situent en île de France pour couvrir 80% des dossiers. C'est dire que la situation de mes confrères provinciaux est assez dure.

R+: Qu'en est -il de la rémunération?

Pour ma part, après avoir eu une expérience dans la fonction publique et en dans le monde associatif, j'ai choisi d'exercer à titre libéral, avec ce que cela comporte au titre des charges. La difficulté au niveau de la rémunération peut surtout survenir avec les mesures de protection payées par l'Etat et qui sont très nombreuses. Or, récemment, à cause d'un problème budgétaire, une circulaire ministérielle indiquait que les mesures de protection gérées par les associations tutélaires devaient être payées en priorité. Cela signifie que certains mandataires exerçant à titre libéral ne seront pas payés en décembre même si le gouvernement a débloqué des fonds supplémentaires, les sommes allouées n'étant pas suffisantes. Ainsi, il nous arrive parfois de travailler gratuitement... et encore une fois, ce sont mes confrères provinciaux qui sont le plus lourdement touchés.

R+: Que pensez-vous de vos conditions de travail?

A.M: Dans l'ensemble, je n'ai pas à me plaindre car j'aime mon travail et j'ai choisi l'exercice libéral. Le travail est différent selon la forme sous laquelle on exerce car les mesures ne sont pas les mêmes.

R+:   Est- ce que la réforme des tutelles a changé l'exercice de la profession?

A.M: Depuis la réforme des tutelles, les majeurs protégés sont plus considérés. La loi a entrainé une grande avancée pour la protection de la personne dans la mesure où elle est impliquée dans son choix de lieu de vie. La réforme a véritablement laissé un espace de liberté à la personne sous la protection, qu'il n'y avait pas avant. Ainsi, sauf danger médical, il n'est pas possible d'imposer une entrée en maison de retraite. Par ailleurs, la mesure de protection ne dure que 5 ans quand auparavant elle n'avait pas de limitation de durée. A l'issue de la période de 5 ans, le mandataire reçoit du tribunal une requête pour que soit examinée à nouveau la question de la continuité de la mesure. Il y a donc une nouvelle expertise médicale et une nouvelle procédure. Donc la mise sous protection judiciaire n'est pas restrictive de liberté comme auparavant et c'est une très bonne chose même si cela ajoute un travail complémentaire à l'ensemble des acteurs de la profession.

R+: Que diriez-vous des qualités requises pour l'exercice de votre profession?

A.M: Le métier de mandataire judiciaire à la protection nous situe au carrefour de divers univers: celui du majeur protégé, de son environnement, de sa famille, de la protection de ses biens et de ses intérêts. Parfois, nous ne sommes pas toujours bien accueillis car nous constituons une certaine intrusion dans la vie privée. D'ailleurs environ 1 mesure de protection sur 10 décidée donne lieu à un appel. Donc il faut arriver à gagner la confiance du protégé, ce qui se passe en général bien car nous respectons ses droits. Par ailleurs, nous devons aussi agir en bonne intelligence avec les autres acteurs professionnels et notamment les assistants sociaux. Il faut donc être doté de bonnes qualités d'écoute et de communication pour pouvoir remplir au mieux notre mission.

R+: Quel pourrait -être votre souhait pour optimiser vos conditions de travail?

A.M: Très souvent, nous sommes plusieurs acteurs impliqués dans un même dossier et nous avons besoin de coordonner nos actions. En tout cas, il faudrait peut -être mieux connaître chacun les prérogatives de compétence des uns et des autres pour agir plus efficacement dans l'intérêt de la personne...

 

 

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