Entrée en EHPAD : les aidants partagés entre culpabilité et soulagement

L’entrée d’un proche en EHPAD est un moment fort, qui génère bien souvent des émotions contradictoires. Même si la décision a été mûrement réfléchie et s’impose comme nécessaire, les aidants familiaux n’en demeurent pas moins bouleversés : ils ressentent à la fois un soulagement de ne plus avoir à assumer ce rôle si éprouvant et une certaine culpabilité à l’idée de se séparer de leur parent âgé. Alors comment faire pour traverser au mieux cette étape délicate ?
Entrée en EHPAD : une décision délicate mais nécessaire
Être aidant, c’est s'engager activement auprès d’un proche âgé en perte d’autonomie. Être présent à ses côtés pour lui apporter le soutien physique et psychologique dont il peut avoir besoin, l’assister au quotidien, se soucier de son bien-être… Bref, c’est une mission noble, humaniste, mais épuisante.
Un choix difficile mais souvent salutaire
Lorsque les aidants ont atteint leur limite ou qu’ils ne sont plus à même de garantir la sécurité de leur proche à domicile, une entrée en EHPAD peut s’imposer. Pour beaucoup d’entre eux, cette décision est vécue comme un véritable déchirement et peut susciter un profond sentiment de culpabilité.
Mais il est essentiel de se rappeler que l’entrée en EHPAD répond avant tout à une nécessité :
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- assurer la sécurité du parent âgé,
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- lui permettre de recevoir les soins médicaux et paramédicaux dont il a besoin,
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- garantir une présence continue pour intervenir en cas d’urgence,
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- offrir un cadre structuré et adapté à la perte d’autonomie,
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- rompre l’isolement en favorisant le lien social.
Lorsque la situation devient trop difficile à gérer à domicile, le rôle de l’aidant consiste aussi à connaître ses limites… et à faire le choix de la raison même s’il est parfois douloureux.
Culpabilité et soulagement : des émotions normales
Le soulagement généré par l’entrée en EHPAD d’un proche âgé est souvent accompagné d’un sentiment de honte ou de remords : « Suis-je un mauvais enfant ? », « Et s’il se sent abandonné ? ».
Ces émotions contradictoires sont normales. Elles ne sont pas les signes d’un manque d’affection, mais simplement le reflet de la complexité du rôle d’aidant familial.
D’où vient ce sentiment de culpabilité ?
Dans le cadre d’une entrée en maison de retraite, différents facteurs peuvent contribuer à faire émerger un sentiment de culpabilité chez les aidants :
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- L’impression de trahir une norme morale ou familiale en ne s’occupant pas eux-mêmes de leur parent âgé.
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- Le sentiment d’abandonner leur parent, de le laisser seul dans un lieu inconnu.
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- Le jugement réel ou supposé de l’entourage (“Tu l’as mis en maison de retraite ?”) et l’autocritique.
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- Le sentiment d’échec, l’aveu d’impuissance face à une situation devenue ingérable.
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- Les réactions du parent âgé pouvant mêler tristesse, silence et résignation, ravivent le sentiment de culpabilité.
Si vous êtes aidant familial et que vous envisagez de placer votre parent en maison de retraite, sachez que ce que vous ressentez est normal.
Entrée en EHPAD : un nouveau souffle pour les aidants épuisés
Malgré les émotions contrastées qui accompagnent l’entrée en EHPAD d’un parent, de nombreux aidants ressentent progressivement un véritable soulagement.
Après des mois, voire des années, à jongler entre soins, travail, vie personnelle et inquiétudes constantes, la charge mentale diminue enfin. Le parent est désormais entouré d’une équipe soignante disponible 24h/24, dans un environnement sécurisé, adapté à ses besoins. Cette prise en charge professionnelle apporte une tranquillité d’esprit précieuse.
L’aidant n’est plus seul à porter la responsabilité de la santé et du bien-être de son proche. Il peut alors retrouver un équilibre personnel, réinvestir sa vie de famille ou professionnelle, et surtout, renouer une relation plus apaisée avec le parent.
Libérée des tâches du quotidien, la relation retrouve une dimension affective plutôt que purement logistique ou médicale. Ce soulagement, parfois teinté de culpabilité au départ, s’accompagne souvent d’une forme de reconnaissance : celle de pouvoir offrir à son proche des conditions de vie dignes et bienveillantes.
Lire aussi : Proche aidant ? 5 conseils pour éviter l’épuisement.
Un nouveau rôle pour l’aidant après l’entrée en EHPAD
L’entrée en EHPAD ne signifie pas la fin de votre rôle d’aidant. Au contraire, votre présence reste indispensable :
- pour soutenir moralement votre parent,
- pour maintenir un lien affectif fort,
- pour dialoguer avec l’équipe soignante,
- pour personnaliser son nouveau cadre de vie et l’aider à bien s’intégrer au sein de l’EHPAD.
Vous continuez à jouer un rôle essentiel, mais sous une autre forme. Et cela fait toute la différence dans l’accompagnement de votre proche.
Entrée en EHPAD : nos conseils pour mieux vivre cette transition
Engagés dans leur rôle d’aidant qu’ils incarnent parfois depuis plusieurs années, les aidants peuvent avoir du mal à passer la main. Voici quelques conseils pour apaiser ce sentiment de culpabilité et vivre cette transition avec plus de sérénité.
1. Connaître vos limites : vous êtes humain
Il est normal de vouloir tout faire pour son parent. Mais être aidant au quotidien peut devenir épuisant, surtout face à la perte d’autonomie, à la maladie ou aux troubles cognitifs. Reconnaître que l’on ne peut pas tout gérer n’est pas un échec, c’est un acte de lucidité et de responsabilité.
2. Se rappeler que l’EHPAD est un lieu de soins
Un EHPAD est un établissement spécialisé qui offre un cadre sécurisé, des soins médicaux adaptés, et une présence continue de professionnels qualifiés. Le placement peut permettre à votre parent de recevoir une attention constante, ce qui n’est pas toujours possible à domicile, même avec tout l’amour du monde.
3. Échanger avec d’autres aidants
Parler avec des personnes qui sont passées par là peut aider à réduire la culpabilité. De nombreux aidants ressentent ce poids, mais reconnaissent ensuite que l’entrée en EHPAD a été une décision bénéfique pour leur parent comme pour eux-mêmes. Les groupes de soutien ou les associations d’aidants peuvent être d’un grand secours.
4. Inclure le parent dans la décision, autant que possible
Lorsque c’est envisageable, discuter du projet avec la personne âgée concernée, même si c’est difficile, permet de renforcer le lien de confiance et de faire en sorte que le parent se sente respecté et entendu. Certains parents expriment eux-mêmes le souhait d’entrer en établissement afin de ne pas « être un poids » pour leurs enfants.
5. Se souvenir de l’intention derrière la décision
La culpabilité vient souvent du sentiment d’abandon. Mais en réalité, le placement est souvent un acte d’amour, destiné à protéger la personne, à garantir sa sécurité et à préserver sa dignité. Rappeler cette intention bienveillante permet de réduire le sentiment de culpabilité.
6. Continuer à être présent
Placer son parent en EHPAD ne veut pas dire rompre le lien. Les visites, les appels, les sorties possibles, les attentions régulières montrent à votre parent qu’il compte beaucoup pour vous et que vous l’aimez. Cela aide à atténuer la culpabilité et à maintenir une relation affective forte.
Témoignages et partages d’expériences
Dans le cadre d’une enquête menée auprès d’aidants familiaux de personnes atteintes d’Alzheimer, nous avons recueilli des témoignages éclairants sur les expériences vécues lors du placement d’un parent en EHPAD. Ces messages traduisent la complexité émotionnelle de cette décision, mais aussi le soulagement qu’elle procure. Beaucoup d’aidants, conscients de leurs limites, savaient que ce choix, bien que difficile, était le meilleur pour leur proche comme pour eux-mêmes.
« Mon père était atteint de la maladie d’Alzheimer. À la fin, il était impossible de le garder à la maison. C’était trop dangereux à cause de sa démence avancée. »
« Maman est en EHPAD depuis fin juin. Je suis beaucoup moins fatiguée et maman est plus sereine. »
« J'ai dû me résoudre à placer ma mère en EHPAD. Je culpabilise en ayant l'impression de l'abandonner. Malgré tout, les bons soins qui lui sont prodigués au sein de l'EHPAD me permettent d'accepter le fait de l'avoir placée. »
« Ma mère est entrée en EHPAD début juillet pour un séjour de répit temporaire. Maintenant, elle s’y sent très bien et veut y rester. »
« La décision est difficile mais nécessaire si on veut retrouver une vie "normale". »
« Ma mère a retrouvé un équilibre émotionnel et psychologique grâce au placement en EHPAD et au personnel soignant de cette structure dotée d’un PASA. »
« Retraite Plus m’a aidé à trouver un établissement adapté aux besoins de ma mère qui réside maintenant en EHPAD. Je suis contente de ma décision. »
(Témoignages tirés de l’enquête : “Concilier rôle d’aidant et vie professionnelle”, réalisée par Retraite Plus en 2023.)
Vous voulez en savoir plus ? Téléchargez gratuitement notre guide "Réussir l'entrée en maison de retraite" :
Par l'équipe rédactionnelle de Retraite Plus
Publié le 06/08/25
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