À la maison de retraite de Pantin, les accros ne veulent pas s'arrêter


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À la maison de retraite de Pantin, les accros ne veulent pas s'arrêter
À la maison de retraite de Pantin, les accros ne veulent pas s'arrêter
« C'est la nouvelle mode en France de dire qu'il ne faut plus fumer, ronchonne Marcelle, mais cela ne va pas m'arrêter. Même pendant la guerre, j'achetais des cigarettes au marché noir. » ...



« C'est la nouvelle mode en France de dire qu'il ne faut plus fumer, ronchonne Marcelle, mais cela ne va pas m'arrêter. Même pendant la guerre, j'achetais des cigarettes au marché noir. »

Sur sa chemise de nuit à fleurs défraîchie, un trou de cigarette. Sur ses cuisses, des petites brûlures causées par « la cendre rouge ». À 80 ans, Marcelle est une vieille dame presque aveugle qui continue de fumer bien qu'elle ait désormais besoin d'aide pour... allumer ses cigarettes. Des traces de mégots constellent le sol en li­noléum de sa chambre. Un jour, ses vêtements auraient même pris feu, selon les infirmières. Résidante de la Seigneurie, la maison de retraite intercommunale de Pantin, au nord-est de Paris, Marcelle était jusqu'à présent encouragée à fu­mer dans la cafétéria pour limiter les risques d'incidents. Depuis le 1er février, elle ne peux plus fumer que dans sa chambre ou à l'air libre. Le nouveau décret interdit de fumer dans les lieux publics, mais le ministre de la Santé a fait une exception pour les maisons de retraite, où il sera autorisé de fumer dans les chambres, considérées comme des « substituts de domicile » même si le personnel soignant y a un accès permanent.


« Une centenaire qui fume comme un pompier »


En revanche, les résidants ne doivent pas fumer dans leur lit. « Jusqu'à présent, nous vivions dans une situation de tolérance. Les résidants fumaient dans la cafétéria, les couloirs et les chambres, explique Charles Lasselin, directeur de la maison de retraite de Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis, vraisemblablement déclenché par un court-circuit dans un lit électrique médicalisé, incendie dans lequel une dizaine de personnes âgées avaient trouvé la mort en 1998.

Mais le directeur est prêt à appliquer le nouveau décret. « Cela va ennuyer certains résidants », prédit Marie-Paule Bernichtein, responsable du bâtiment dédié aux cas psychiatriques. «Quelques-uns passeront outre l'in­terdiction et nous allons devoir faire les gendarmes. »

Non-fumeuse et dérangée par l'odeur de tabac, elle porte pourtant un regard bienveillant sur ces fu­meurs âgés : « C'est leur dernier plaisir. Nous avons chez nous une centenaire qui fume comme un pompier, et je me vois mal en train de la sermonner. »

Mais si les non-fumeurs ne se plaignaient que rarement de la fumée dans les salles communes, ils n'en pensaient autrement.


« C'est un plaisir comme un autre, lance Henriette. Un des seuls qui me restent. Arrêter ? Pour quoi faire ? » Cette dernière porte beau à 94 ans. Mais elle souffre d'insuffisance vasculaire et continue de consommer une dizaine de cigarettes quotidiennes. Peu désireuse de côtoyer les autres pensionnaires à la cafétéria, elle fume déjà uniquement dans sa chambre. Et continuera à fumer en solitaire. Yannick, 66 ans, fait preuve de bonne volonté. « Cela ne m'ennuie pas tellement, dit-elle en allumant tranquillement une gauloise sans filtre devant un gros cendrier cylindrique. Un cendrier qui, lui aussi, aura disparu en fin de semaine. Assez en forme pour se promener, elle en profitera pour fumer dehors plutôt que dans sa chambre : « Cela fait trop de fumée et je ne compte pas vivre la fenêtre ouverte. » Pour Michel, 62 ans, le problème est tout autre. Sous tutelle, il a juste de quoi acheter deux paquets par semaine. « Ce décret est absurde. Tout ça, c'est parce que le président de la République a décidé d'arrêter de fumer», plaisante-t-il.

« C'est difficile de leur dire qu'ils mettent leur santé en danger. Nous ne voulons pas leur imposer une vie monacale », philosophe Charles Lasselin. Le problème ne se posera pas pour les résidents du bâtiment Ferry, qui accueille les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. « Aucun d'entre eux ne fume. C'est un acte qui demande un minimum d'autonomie intellectuelle et de capacités physiques, rappelle le directeur. Ceux qui fumaient ont oublié qu'ils avaient cette habitude. »



Source: lefigaro.fr

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