“101 ans, Mémé part en vadrouille”


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“101 ans, Mémé part en vadrouille”
“101 ans, Mémé part en vadrouille”

Pour illustrer la magie des liens intergénérationnels, Retraite Plus est parti à la rencontre de Fiona Lauriol auteur du livre “101 ans, Mémé part en vadrouille”, qui a accepté de nous raconter son histoire exceptionnelle qui défie de nombreux préjugés concernant les personnes âgées et montre à nouveau l’importance des liens intergénérationnels. C’est celle d’une mamie, a priori comme les autres, sauf qu’en octobre 2018, à l’âge de 101 ans, elle part en camping-car faire un tour en France, en Espagne, à Andorre et au Portugal,  alors qu’on ne lui donnait plus qu’une semaine à vivre…. 

“Je me suis dit que même si je n’avais pas beaucoup de liens avec elle, je n’aimerais pas qu’on me laisse comme ça attendre la mort”

 

Pour se plonger dans ces événements pour le moins rocambolesques qui ont pris une ampleur incroyable et sont arrivés aujourd’hui sur le devant de la scène politique, nous avons demandé à Fiona Lauriol, sa petit-fille, de nous raconter les détails des pérégrinations dans lesquelles  elle a eu l’idée d’embarquer sa grand-mère.

Au départ, une famille française comme il y en a tant. Des relations un peu conflictuelles entre une grand-mère issue de milieux populaires italiens aux valeurs à l’ancienne et au caractère bien trempé, avec sa fille, son gendre et l’une de ses petites-filles, Fiona, avec lesquels elle ne s’entend pas plus que ça. Pourtant, même s’ils ne lui rendent pas souvent visite et que la vieille dame ne semble pas s’en plaindre, au contraire, la petite famille veille tout de même sur elle de loin en engageant tous les services d’aide à domicile nécessaires pour qu’elle puisse continuer à vivre chez elle, en région parisienne, malgré ses 99 ans.

Et puis, un jour, c’est le déclic pour Fiona lorsqu’à la suite d’une chute et d’une prise en charge en SSR (Soins de suite et de réadaptation) de la nonagénaire, elle apprend des médecins qu’il ne reste à sa grand-mère plus qu’une semaine à vivre. Elle se dit qu’une semaine à s’occuper d’elle ce n’est pas si long et qu’elle pourrait bien le faire même si, à ce moment-là, elle ne la porte pas trop dans son cœur. Mais elle la voit regarder les murs blancs de sa chambre sans rien faire et elle se demande si c’est ça la vieillesse.
“Je me suis dit que même si je n’avais pas beaucoup de liens avec elle, je n’aimerais pas qu’on me laisse comme ça attendre la mort”, confie Fiona.

 

 

 

 

 

C’est ainsi que l’aventure durera 3 ans, 3 mois et 3 semaines, alors qu’on lui avait prédit une dernière semaine de vie au départ.

C’est alors qu’elle décide, avec l’accord des médecins, de l’embarquer dans sa passion du voyage en camping-car, avec les parents qui suivent derrière parce que “son petit papa” comme elle l’appelle, ne voulait pas dormir avec la belle-mère. Et puis Fiona nous lance avec sa désinvolture bon enfant, qu’elle a dû d’abord attendre quelques jours avant de sevrer complètement sa grand-mère des médicaments qu’elle prenait. L’aventure qui commence est loin d’être de tout repos. Entre des concerts en Espagne, le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en fauteuil roulant et d’autres péripéties rocambolesques, 40 jours s’écoulent au terme desquels Fiona se dit que sa grand-mère ne voudra plus jamais tenter l’expérience. Mais à sa grande surprise, elle n’attend pas plus tard que le lendemain pour lui demander quand ils repartent. 

C’est ainsi que l’aventure durera 3 ans, 3 mois et 3 semaines, alors qu’on lui avait prédit une dernière semaine de vie au départ.

 

 

Au niveau personnel, Fiona a appris à mieux connaître sa grand-mère, à l’aimer et à comprendre beaucoup sur l’ancienne génération. La vieille dame n’a pas eu une vie facile et s’était pas mal endurcie. Mais Fiona ne s’est pas laissée décontenancée et a entrepris de faire partager à sa mamie sa vision des choses. 

Au cours de ce voyage, elle lui a aussi fait comprendre que le respect doit aller dans les deux sens.

Aujourd’hui, comme elle l’a promis à sa mamie, Fiona présente son livre “101 ans Mémé part en vadrouille” mais surtout, entre deux voyages qui restent sa première passion, elle n’arrête pas de partager sa conception des liens intergénérationnels aux écoles, dans les Ehpad, à la presse et même face aux ministres, sur la scène gouvernementale et, en juin prochain, en la présence de Monsieur Macron lui-même.

En plein débat sur les Ehpad, les réformes et la question épineuse de l’amélioration du bien-vieillir, cette leçon de vie fait écho dans toute la société et c’est une nouvelle vision de la vieillesse que nous offre la famille Lauriol. Fiona s’est mise au défi de faire comprendre aux jeunes que les personnes âgées peuvent avoir des choses à raconter, ont encore envie de remplir leurs journées, détestent qu’on les infantilise et peuvent encore changer au contact des autres générations.

 

 

 

“Se confronter permet aussi de comprendre que le respect doit exister des deux côtés.” 

“Durant le voyage, ma grand-mère a appris à dire merci à sa propre fille parce que pour elle c’était normal de demander un service à sa fille sans dire merci. Elle est aussi devenue moins aigrie au fur et à mesure du voyage.” Fiona explique notamment aux jeunes que si les “vieux radotent” c’est parce qu’ils ne font plus grand chose et qu’ils s’accrochent aux expériences du passé  car, depuis, “plus rien ne se passe”. “Mais mamie, elle, elle en a eu des choses à raconter et elle ne radotait plus depuis qu’elle disait à tout le monde qu’elle a vu un homme tout nu dans la rue, qu’elle a découvert de nouvelles personnes et qu’elle a côtoyé du beau monde.”. Fiona est persuadée que le conflit entre les générations vient d’un manque de confrontation, de rencontres entre les jeunes et les moins jeunes, qu’il est possible de leur faire part de notre vision moderne des choses et qu’ils peuvent comprendre la nouvelle génération, de la même manière que les plus âgées ne sont pas des enfants mais ont une personnalité, un vécu, de l’expérience. “Se confronter permet aussi de comprendre que le respect doit exister des deux côtés.” 

 

 

"Sur les 150 établissements où l’on est intervenus, on est tombés que sur les bons, je crois."

En ce qui concerne la personnalité, on ne peut pas dire que cela manque chez la famille Lauriol. Lorsque l’on demande au papa de Fiona ce qu’il a pensé des Ehpad qu’il a visité dans le cadre de leur tournée pour raconter leur histoire, il répond :” J’ai entendu comme tout le monde qu’il y a des problèmes dans certains établissements. Mais nous, sur les 150 établissements où l’on est intervenus, on est tombés que sur les bons, je crois. Et puis j’ai vu aussi des résidents ronchons, pas très polis avec les infirmières ou les animatrices. Mais on peut leur expliquer que même à leur âge ils doivent apprendre à mieux parler à l’équipe soignante qui s’occupe d’eux. Et puis, ils comprennent, ils s’excusent.” M. Lauriol constate également que malgré les efforts du personnel et surtout des animatrices, ce n’est pas facile de proposer des animations pour 80 résidents à la fois et de prendre le temps de savoir ce que chacun souhaiterait faire. “Pourtant, les animations c’est ce qu’il y a de plus important. Aujourd’hui, à 70 ans les seniors sont jeunes, ils veulent encore profiter de la vie, ils n'ont pas besoin qu’on les infantilise et qu’on les laisse sans rien faire, et même lorsqu’ils sont plus âgés. 

J’ai aussi vu un Ehpad privé envoyer du personnel bénévolement à l’Ehpad public d’en face mais ils ont refusé. Ce n’est pas simple et la réalité n’est pas toujours ce que l’on croit.” 

Au programme, cette magnifique aventure et leçon de vie a donné lieu à des conférences, des présentations, des interviews et des rencontres publiques. En espérant que le changement viendra du bas, là où les mots sont des actes et où l’on interroge ceux qui savent vraiment de quoi ils parlent, on souhaite une bonne continuation à la famille Lauriol. 

On peut continuer de suivre les aventures de la famille Lauriol sur la page facebook qui porte le nom du livre vendu déjà à 15 000 exemplaires : “101 ans, mémé part en vadrouille.”

Rédaction : Rachel Gaillard
8 février 2023

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