15 Juin 2025 : Journée de lutte contre la maltraitance des personnes âgées

La maltraitance est un fléau silencieux qui touche majoritairement les populations vulnérables. Principales victimes, les personnes âgées gardent souvent le silence face à leurs agresseurs. À l’approche de lajournée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, il est plus que jamais nécessaire de briser le tabou.
Retour sur les réalités du terrain avec Elodie Durand, Responsable Ressources privées et Communication au sein de la Fédération 3977.
Le domicile, principal lieu de maltraitance
Contrairement aux idées reçues, les cas les plus nombreux de maltraitance ne se produisent pas en établissement, mais au domicile des personnes âgées, dans l’ombre des foyers.
Les chiffres issus du rapport annuel 2024 de la Fédération 3977 sont sans appel : 73 % des maltraitances ont lieu à domicile. Les établissements concentrent quant à eux 27% des cas, contre 41% en 2022. Une baisse qui s’explique notamment par les progrès réalisés par les structures d’accueil en matière de prévention et de détection des abus, ainsi que par la mise en place de contrôles renforcés au sein des établissements. Le domicile reste quant à lui, un angle mort de la vigilance collective.
« Les actes de maltraitance se produisent surtout dans l’intime, en huis clos, parce que le domicile n’est pas un lieu public et ne fait donc pas l’objet de contrôles », explique Élodie Durand.
Face à ce constat, la Fédération insiste sur la nécessité de « sortir de la chasse aux sorcières » contre les établissements qui ne constituent pas « le problème central ».
Les différents visages de la maltraitance
Les données recueillies par la Fédération 3977 permettent de mettre en lumière les différents types de souffrances infligées aux personnes âgées, selon qu’elles vivent chez elles ou en établissement.
Résultat : à domicile, la maltraitance psychologique domine (31%), suivie par les violences physiques (18%) et financières (16%). En établissement, c’est la négligence passive qui est la plus fréquente (31%), avec des cas de maltraitance médicale non négligeables (21%).
Qu’est-ce que la « négligence passive » ? C’est une forme de maltraitance qui résulte d’un manque d’action, d’attention ou de vigilance, souvent non intentionnel. Elle survient généralement lorsque les proches, aidants ou professionnels n’assurent pas les soins ou l’accompagnement nécessaires, par épuisement, méconnaissance, inattention ou absence de moyens. Il peut s’agir d’oublier d’administrer des médicaments à une personne âgée, de ne pas lui changer sa protection alors que celle-ci est souillée, de la laisser vivre dans un logement inadapté etc. |
Quand l’entourage devient agresseur
Autre donnée alarmante : dans près d’un cas sur deux (48 %), la maltraitance est le fait de l’entourage familial. Une réalité surprenante qui traduit souvent la détresse des aidants qui en viennent à maltraiter, parfois sans même s’en rendre compte. « La majorité des actes de maltraitance sont le fait de proches, souvent épuisés, isolés, et dépassés, qui ne réalisent pas toujours qu’ils basculent dans la négligence ou la maltraitance psychologique » souligne la responsable communication pour la Fédération 3977.
En établissement, la part des professionnels mis en cause a diminué de moitié par rapport à 2022. Autrefois impliqués dans 28 % des situations de maltraitance, ils ne le sont plus que dans 14 % des cas en 2024. Pour Élodie Durand, deux phénomènes peuvent expliquer cette régression : « l’instauration par les établissements, de politiques de lutte contre les maltraitances dans le cadre de leur démarche de qualité » et « l’apaisement du scandale médiatique provoqué par Les Fossoyeurs » qui avait été à l’origine d’une marée de signalements de cas de maltraitance en EHPAD.
Des victimes qui parlent peu, mais des familles qui alertent
Les signalements reçus au 3977 (le numéro national d’écoute contre la maltraitance) proviennent majoritairement de la famille (47 %). En effet, les proches sont les plus à même de détecter des changements ou des comportements inhabituels chez leur aîné et sont donc en première ligne pour repérer les signes de maltraitance.
La parole tend également à se libérer chez les victimes qui représentent 24% des appelants contre 20% en 2022. Cette démarche reste encore trop marginale « parce que les personnes âgées ont souvent du mal à identifier la maltraitance et, même lorsqu’elles en ont conscience, à la dénoncer en raison des liens affectifs et familiaux forts qui les unissent aux auteurs », explique la responsable Communication de la Fédération 3977.
Les services sociaux et médicaux enregistrent quant eux, un taux de signalement en progression (15%) qui demeure cependant trop restreint au vu de leur rôle d’observateur privilégié.
Une mission vitale aujourd’hui menacée
La mission de prévention, d’écoute et d’accompagnement de la Fédération 3977, essentielle pour des milliers de personnes vulnérables maltraitées (notamment les personnes âgées et en situation de handicap), risque de prendre fin. En cause : les restrictions budgétaires drastiques imposées par l'État via la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) mais aussi l’appel d’offres lancé par le gouvernement pour créer une nouvelle plateforme nationale d’écoute - une mission pourtant assurée depuis près de 15 ans par la Fédération.
« Nous avons applaudi des deux mains l’initiative du gouvernement concernant la centralisation des données sur la maltraitance jusque-là dispersées au sein de différentes institutions (ARS, Conseils départementaux…) », se souvient Elodie Durand. Ses inquiétudes portent davantage sur l’écoute et l’accompagnement qui sera offert aux victimes de maltraitance à travers la nouvelle plateforme que le gouvernement souhaite mettre en place. Jusque-là orientés vers les centres d’écoute et de conseils ALMA, les appels pourraient désormais être transférés vers les ARS qui risquent d’être submergées par un flux d’appels et de problématiques auquel elles ne sont pas préparées.
15 juin : une journée pour briser le silence sur la maltraitance des aînés
Chaque année, le 15 juin, la communauté internationale se mobilise à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées. Initiée par l’Organisation des Nations Unies, cette journée vise à sensibiliser le grand public, les professionnels et les institutions à un phénomène encore largement sous-estimé et souvent tabou : la maltraitance envers les personnes âgées, qu’elles vivent à domicile ou en établissement.
Les objectifs de cette journée
La journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées poursuit plusieurs objectifs majeurs :
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- Briser le silence qui entoure les violences faites aux aînés, en encourageant la parole des victimes, des témoins et des professionnels.
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- Faire connaître les différentes formes de maltraitance, qu’elles soient physiques, psychologiques, financières ou médicales.
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- Informer sur les dispositifs existants, comme le numéro national d’écoute 3977, les plateformes de signalement, ou les cellules départementales de prévention.
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- Mobiliser les acteurs de terrain – associations, établissements, aidants, collectivités – autour d’actions concrètes de prévention, d’écoute et d’accompagnement.
Des actions sur tout le territoire
À l’occasion du 15 juin, de nombreuses initiatives locales et nationales voient le jour :
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- Conférences, débats et webinaires pour former et informer les professionnels de santé, du médico-social ou les aidants.
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- Campagnes d'affichage et de communication, en ligne ou dans les lieux publics, pour alerter sur les signes de maltraitance et les numéros utiles.
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- Stands d'information dans les hôpitaux, EHPAD ou maisons de quartier, pour sensibiliser les familles et les usagers.
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- Actions symboliques, comme le port d’un ruban violet (couleur associée à cette cause), des marches solidaires ou des événements artistiques.
Le 15 juin est ainsi l’occasion de rappeler notre devoir de vigilance, de solidarité et de respect envers nos aînés, et d’appeler à des politiques publiques ambitieuses pour protéger les plus vulnérables.
Par l'équipe rédactionnelle de Retraite Plus
Publié le 12/06/2025
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