Le diabète chez les personnes âgées : les conseils d'un professionnel

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Le diabète chez les personnes âgées : les conseils d'un professionnel
Le diabète chez les personnes âgées : les conseils d'un professionnel

A l'occasion de la Journée Mondiale du diabète, un professionnel nous aide à faire le point sur cette maladie qui touche de nombreux seniors. 

Très répandu chez les personnes âgées, le diabète n’est pourtant pas toujours traité de manière optimale. En France, plus de 20 % des personnes de 75 ans et plus souffrent de diabète, avec une plus grande prédisposition masculine.* Souvent associé à un ou plusieurs syndromes de vieillesse et  responsable de complications aggravées chez cette population à risque, une bonne prise en charge est impérative. M. Joël Berrebi, diététicien, nutritionniste et spécialiste du diabète chez les personnes âgées, a accepté de répondre aux questions de Retraite Plus. 

 

 

 

 

Retraite Plus:  Bonjour M. Berrebi. Merci pour cet interview. Pouvez-vous nous dire comment se fait  le dépistage du diabète ? 

Joël Berrebi : Le seul examen qui permet de définir avec certitude si une personne est diabétique ou non est une prise de sang servant à mesurer le taux d’hémoglobine glyquée, ou  HbA1c qui représente la moyenne du taux de glucose dans le sang sur les 3 derniers mois. Entre 4 et 6%, une personne n’est pas considérée comme diabétique. Proche de 6, elle aura des facteurs de risque élevés, elle est considérée comme prédiabétique et on préconisera un changement d’hygiène de vie, notamment dans l’alimentation et l’activité physique. Un nouveau dosage est nécessaire après 3 mois pour vérifier l’évolution. Entre 6 et 8%, la personne est diabétique et le traitement se fait généralement sous forme de médicaments par voie orale. Au-delà de 8, le patient est immédiatement traité. Il se peut, dans certains cas, que le médecin commence par un traitement à l’insuline. 

 

Retraite Plus : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le dosage capillaire ?

Joël Berrebi : Il s’agit d’une  autosurveillance que le patient pratique sur lui-même et qui permet un contrôle de la glycémie capillaire. Ce test se fait trois à six fois par jour, en se piquant le doigt à l’aide d’un petit kit prévu à cet effet, afin d’obtenir des résultats immédiats sur le taux de glucose dans le sang. Mais il ne sert pas de dépistage à proprement parler. Il est utile pour adapter le traitement, éviter les cas d’hypo ou d’hyperglycémie ou encore pour mesurer l’effet d’un aliment ou d’une activité sur la glycémie. Il n’est pas toujours fiable à 100% surtout chez les personnes âgées qui oublient parfois qu’elles ont mangé ou si le repas de la veille était particulièrement chargé en glucose et que le corps n’a pas eu le temps, durant la nuit, de produire suffisamment d’insuline pour l’assimiler entièrement. Les résultats peuvent donc être un peu tronqués et les autres tests de la journée serviront à les préciser. 

Retraite Plus: Que doit-on faire en cas de résultats trop faibles lors du dosage capillaire ?

Joël Berrebi : En premier lieu, il est important de veiller à ce qu’une personne âgée fasse bien son dosage capillaire régulièrement. Ce geste simple permet d’éviter de nombreuses complications. En présence d’un taux inférieur à 0,7 g/l on parle d’hypoglycémie.  Les symptômes sont généralement des tremblements, des troubles du comportement, des sueurs froides et des palpitations.

Cela peut arriver le matin parce que les personnes âgées oublient parfois de manger la veille ou se nourrissent mal. Alors que les médicaments stimulent le pancréas à produire davantage d’insuline, il est important de veiller à une bonne alimentation et aux trois repas de la journée. En cas d’hypoglycémie plus sévère, la personnes risque un coma diabétique. Le coma diabétique chez les personnes âgées est parfois difficile à identifier. 

 

Retraite Plus: Quels sont les signes du coma diabétique ?

Joël Berrebi : Plusieurs signes peuvent nous alerter pour diagnostiquer un coma diabétique. Il faut être particulièrement vigilant parce que la personne est consciente et peut parler, réagir. Il faut poser des questions précises comme le nom des enfants, par exemple, pour vérifier si ses réponses sont cohérentes. Si c’est le cas, il faudra alors simplement l’aider à s’alimenter doucement avec des sucres rapides jusqu’à ce qu’elle reprenne des forces. Si la personne ne répond pas correctement aux questions, il faut appeler immédiatement le SAMU (15) et surtout ne pas lui donner d’aliments par voie orale car ils risquent de faire fausse route. Le SAMU administre généralement du glucagon par voie intraveineuse, afin d’augmenter immédiatement la quantité de glucose dans le sang. Si la personne a reçu une prescription préalable de glucagon, on peut le lui administrer par injection intramusculaire dans la cuisse, par exemple, avant l’arrivée des secours mais ils doivent tout de même être prévenus afin de faire toutes les vérifications requises.  

Retraite Plus: Quand parle-t-on d’hyperglycémie ?

Joël Berrebi : L'hyperglycémie se vérifie également lors du test capillaire. A l’inverse de l’hypoglycémie, il s’agit d’une quantité de sucre trop élevée dans le sang. Les symptômes de l’hyperglycémie sont : une soif intense, sensation de bouche sèche, envie fréquente d’uriner,  somnolence, fatigue, forts maux de tête, et vision trouble, qui peuvent aussi s’accompagner de nausées, maux de ventre, diarrhées. Une hyperglycémie chronique peut aussi provoquer une perte de poids subite. Si les résultats du glucose dans le sang atteignent des valeurs comme 3 ou 4 (g/l), il faut immédiatement contacter son médecin traitant et, à défaut, composer le 15.

 "Toutes ces affections représentent des complications liées au diabète et peuvent être considérablement réduites avec une bonne prise en charge et un suivi régulier permettant de contrôler le sucre dans le sang."

Retraite Plus: Quels sont les risques liés à l’hyperglycémie ?

Joël Berrebi : De manière chronique, elle peut affecter plusieurs organes et fonctions de l’organisme. Elle peut engendrer une néphropathie touchant les reins et conduisant parfois à une insuffisance rénale chronique ou définitive, une rétinopathie comme des glaucomes allant hélas parfois jusqu’à la cécité, ainsi qu’une neuropathie qui représente une atteinte des nerfs périphériques du cerveau, ce qui explique une insensibilité des zones périphériques, mains mais surtout pieds. La coagulation étant plus difficile chez les personnes âgées, elles risquent également des infections au niveau des pieds. On estime que 10% des diabétiques courent un risque d’amputation. Il est très important de penser à vérifier régulièrement les pieds des personnes âgées parce qu’elles ont tendance à oublier de le faire. Un mauvais équilibre chronique du diabète peut également provoquer le coma, un arrêt cardiaque ou un AVC. Toutes ces affections représentent des complications liées au diabète et peuvent être considérablement réduites avec une bonne prise en charge et un suivi régulier permettant de contrôler le sucre dans le sang. Précisons également que le stress peut être un facteur d’augmentation du glucose dans le sang, provoquant même des pics lors d’un état post-traumatique. Les paramètres de stress doivent être abordés avec le plus grand sérieux et ne pas hésiter à se tourner vers des professionnels pour obtenir de l’aide et un soutien. 

"Il est impératif de ne sauter aucun repas afin d’éviter une hypoglycémie."

Retraite Plus: Quel est le rôle de l’alimentation dans le diabète ? 

Joël Berrebi : L’alimentation joue un rôle important à plusieurs niveaux. Elle peut tout d’abord faire partie d’une campagne de prévention contre le diabète. Elle peut permettre aux personnes prédiabétiques de stabiliser leur état et de ne pas développer un diabète. L’alimentation accompagne également une prise en charge médicale afin d’éviter ou de diminuer les complications liées au diabète. Il est donc très important d’adopter les bons réflexes, en plus d’un suivi personnalisé chez un diététicien et nutritionniste, afin d’adapter le menu à chaque cas particulier. 

"Ne pas oublier de contrôler constamment son dosage capillaire et de faire vérifier son taux de Hba1c."

Retraite Plus: Quelles sont vos recommandations en matière d’alimentation ?

Joël Berrebi :

  1. Il faut tout d’abord veiller à la prise de trois repas équilibrés par jour et, si l’on en ressent le besoin, ajouter quelques collations mais au moins deux heures après le repas. Il est impératif de ne sauter aucun repas afin d’éviter une hypoglycémie.
  2. Il est recommandé de consommer une variété de différents groupes d’aliments :  fruits et légumes - pas plus d’un fruit par jour- mais aussi laitages, féculents, diverses sources de protéines animale et végétale, aliments riches en fibres comme les crucifères (chou, chou de bruxelles, chou rouge), produits céréaliers naturels, oléagineux comme les noix, les graines et les amandes.   
  3. Il faut évidemment limiter les aliments sucrés comme les pâtisseries, les sucreries, les chocolats, le miel et les jus de fruit, même 100% naturels. Les substituts de sucre doivent également être consommés avec modération.
  4.  Il faut apprendre à bien équilibrer son assiette. Une moitié de l’assiette doit contenir des légumes, un quart de protéines et le dernier quart, des glucides. 
  5. Puisque le diabète s’associe souvent avec un cholestérol élevé, éviter les aliments gras, surtout les graisses saturées et trans comme les margarines, le beurre et certaines huiles transgéniques comme l’huile de palme si prisée par les fast foods. Il existe aujourd’hui des margarines sans graisse trans, à préférer aux autres. 
  6. Limiter les aliments riches en sodium comme les charcuteries ou certains produits manufacturés.  
  7. Consulter un diététicien et nutritionniste afin qu’il établisse un menu sur mesure adapté au traitement et aux éventuels problèmes de santé. 
  8. Ne pas oublier de contrôler constamment son dosage capillaire et de faire vérifier son taux de Hba1c. 

 * L'Observatoire des Seniors

A lire aussi : https://www.retraiteplus.fr/blog/diabete-chez-les-personnes-agees-symptomes-traitements-nouvelles-technologies

#diabète, #worlddiabetesday




Rédaction : Rachel Gaillard
Rédactrice en chef
11 novembre 2019, à 12h13

Diabète, Le diagnostic et les symptômes

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