Premier jour en maison de retraite


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Premier jour en maison de retraite
Premier jour en maison de retraite
Marie Bajard, 77 ans, s'installe à la résidence Le Parc, une maison de retraite intercommunale à Segré, dans le Maine-et-Loire. Une première journée, entre résignation et pâle sourire.






Chambre 103. En ouvrant la porte, on découvre le « nouveau royaume » de la nouvelle résidente. Une chambre au bout d'un couloir bleu, dans l'unité des Hortensias. Comme les trois autres unités de la maison de retraite, celle des Hortensias est flambant neuve. Les résidants s'y sont installés en février 2008.


L'arrivée est un peu maussade pour Marie Bajard, en ce début d'après-midi. « Je n'ai pas eu le choix ». La décision fut douloureuse pour elle comme pour ses proches. Marie Bajard a deux enfants. Impossible cependant d'aller habiter chez sa fille (trop de marches dans sa maison de Mûrs-Erigné, près d'Angers). Quant à son fils, il habite au Canada. « Il voulait m'emmener vivre avec lui mais ce n'était pas possible », explique la nouvelle résidente.


Pendant dix-neuf ans, Marie Bajard a habité le manoir du Puit Barbot, à Loiré, avec son époux. Il est décédé en mars dernier. « Un jour, je suis tombée. J'étais seule. Et je suis restée par terre une nuit entière. Je me rendais compte que je n'étais plus apte à rester seule. Alors le docteur a préféré que je vienne dans une maison de retraite ». Et tout s'est décidé.


C'est donc à 77 ans qu'elle quitte son manoir pour s'installer dans une maison de retraite, à Segré (Maine-et-Loire). Dans son nouveau « chez soi », aucun détail n'est à négliger. Échanger une belle propriété contre une chambre de 22 m²... forcément, ça bouscule. « Ils n'ont pas voulu que je mette la méridienne dans ma chambre », rouspète-t-elle, faute de place.


Dans la salle à manger des Hortensias, un goûter a été prévu pour l'arrivée de la nouvelle résidente. « Il faut montrer aux personnes âgées qu'elles sont attendues. Qu'il y a de la vie à la maison de retraite. Il faut dédramatiser l'arrivée », souligne Dominique Passedoit.


« L'entrée en maison de retraite vient signer l'échec du maintien à domicile. Parents et enfants le vivent donc comme un effondrement », constate Thierry Darnaud, thérapeute familial dans une équipe mobile de gériatrie au centre hospitalier d'Alès (Cévennes), et auteur de L'entrée en maison de retraite. Pour gérer ce passage en douceur, un moyen existe, outre-Manche. « Les Anglais pratiquent l'hébergement de répit. La personne âgée peut se rendre dans une maison de retraite pour quelques jours ou juste pour dîner. Des habitudes se créent. La rupture se fait progressivement. Et moins douloureusement », ajoute Thierry Darnaud.


« J'ai été son aide-ménagère pendant dix-neuf ans. Alors ce qui me tient à cœur c'est de ne pas la laisser. Je m'occuperai d'elle. Je l'ai promis à Monsieur Bajard avant sa mort », rassure Odile Deshaies.


Peu à peu, la colère s'efface. L'humour prend le dessus. Mais sans s'en apercevoir, angoisse et pessimisme réapparaissent. Son mari lui manque. Pas facile d'entendre un : « Parfois je me demande si ça vaut le coup de vivre quand on a perdu l'être cher. Et le mien, c'était un grand homme ».


De la salle à manger commune, on aperçoit le balcon de sa chambre. « Vous avez vu mes fleurs, comme elles sont belles ? » Doucement, tout doucement, le déclic s'opère. « Je ne pensais pas pouvoir meubler ma chambre comme ça. Et puis, j'ai toutes mes photos ! Finalement... je me sens un peu chez moi ».

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