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Droits & Santé > L'entrée en EHPAD peut-elle dépendre d'une décision juridique?
Mettre un parent atteint de la maladie d’Alzheimer sous tutelle est une décision difficile mais parfois nécessaire. Il s’agit de la protection juridique la plus forte pour empêcher la personne âgée de prendre des décisions allant à l’encontre de ses intérêts personnels ou patrimoniaux. Fonctionnement, démarches et conséquences… Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur la tutelle.
Lorsqu’une personne âgée est placée sous tutelle, elle conserve la possibilité de faire certains choix. Le cadre légal définit clairement ce qui relève de la personne et ce qui relève du tuteur.
Même sous tutelle, la personne protégée peut continuer à prendre certaines décisions concernant sa vie quotidienne :
Elle peut se marier ou divorcer (en informant le tuteur au préalable)
Elle est libre d’effectuer certains actes de la vie courante (petits achats, dépenses modestes…) si le juge ou le tuteur n’y voit pas de risque
Elle peut continuer à voter.
Le tuteur intervient pour gérer les actes importants qui nécessitent un encadrement légal :
Le tuteur agit sous contrôle du juge qui s’assure que toutes les actions respectent l’intérêt de l’aîné protégé.
Certaines décisions ou actes nécessitent directement l’autorisation du juge. Par exemple :
La tutelle n’est pas automatique pour toutes les personnes âgées atteintes d’Alzheimer. Dans certains cas, des mesures moins contraignantes - comme la curatelle ou la sauvegarde de justice - peuvent suffire pour protéger la personne.
La curatelle est une mesure de protection juridique plus souple que la tutelle. Elle concerne les personnes qui peuvent encore accomplir certaines démarches seules, mais qui ont besoin d’aide pour les décisions importantes, surtout sur le plan financier ou patrimonial. Elle est souvent mise en place lorsque les personnes présentent un stade léger à modéré de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence.
Contrairement à la tutelle, le curateur n’a pas le contrôle total des décisions, ce qui permet à la personne protégée de conserver davantage d’autonomie.
D’autres solutions plus légères existent :
Ces alternatives peuvent être envisagées avant de décider d’une mise sous tutelle, qui constitue la mesure la plus contraignante. Reste à voir si ces solutions sont adaptées aux besoins du majeur à protéger.
Lire aussi : Quelle est la différence entre tutelle et curatelle ?
Dans le cadre d’une mise sous tutelle, le juge ajuste la mesure au cas par cas. Elle est donc plus ou moins sévère selon le niveau de dégradation des capacités de la personne à protéger.
La demande peut être faite par :
La demande est ensuite adressée au juge des contentieux de la protection du tribunal judiciaire correspond au lieu de résidence de la personne à protéger.
Le juge des tutelles demande un dossier complet comprenant :
Afin de mieux cerner la situation de la personne atteinte d’Alzheimer et de connaître ses souhaits, le juge l’entendra lors d’une audition privée. Il pourra ainsi décider de la mise sous tutelle en toute connaissance de cause. La personne âgée pourra quant à elle, se faire accompagner par un avocat ou par un proche lors de cet entretien, si le juge l’autorise.
Si la personne âgée n’est pas en mesure de s’exprimer, le juge peut décider - en s’appuyant sur l’avis du médecin - de ne pas l’auditionner. En attendant la décision finale, il pourra la placer sous sauvegarde de justice provisoire.
Le juge désigne la ou les personnes chargées d’accompagner le majeur protégé. La tutelle peut être partagée : un tuteur s’occupe de la vie quotidienne, un autre du patrimoine.
On privilégie un proche ; à défaut, un professionnel inscrit sur une liste officielle, appelé mandataire judiciaire, peut être nommé. Le juge peut aussi désigner quelqu’un pour contrôler le tuteur, de façon permanente ou ponctuelle.
Lire aussi : Comment devenir tuteur ?
Lorsqu’une personne âgée est atteinte d’Alzheimer, ses capacités cognitives se dégradent de plus en plus au fil du temps. À un certain stade, elle perd sa faculté à raisonner de façon sensée et peut prendre des décisions qui vont à l’encontre de ses intérêts personnels. En pareil cas, une mise sous tutelle peut être envisagée.
Certaines situations peuvent justifier la mise sous tutelle d’une personne âgée souffrant de démence. Quelques exemples :
Même sous tutelle, une personne âgée reste libre de choisir son lieu de vie. Cependant, si son état de santé ou sa sécurité sont compromis, le juge des contentieux de la protection peut, sur avis médical, autoriser ou imposer le placement en établissement pour protéger la personne concernée.
Le tuteur devra alors effectuer les démarches administratives liées à l’admission, signer le contrat de séjour et gérer les aspects financiers, comme le règlement des frais d’hébergement ou la demande d’aides financières (APA, ASH…). Il constitue par ailleurs l’interlocuteur privilégié entre la famille, l’équipe soignante et l’établissement. Chaque année, il devra rendre compte au juge des contentieux de la protection sur les dépenses engagées et les transactions effectuées pour la personne protégée.
La tutelle s’adapte à l’évolution de l’état de santé : elle peut être ajustée ou prolongée selon les besoins de la personne protégée.
La mise sous tutelle n’est pas définitive. Elle est généralement révisée tous les 5 ans par le juge pour vérifier que la mesure reste adaptée à la situation de la personne âgée.
La révision permet d’ajuster les responsabilités du tuteur ou d’envisager une mesure plus légère si l’autonomie de la personne s’améliore.
Dans certains cas, notamment pour les personnes Alzheimer dont l’état se dégrade progressivement, la tutelle peut être prolongée jusqu’à 10 ans. Le juge continue de contrôler les actes du tuteur tout au long de la mesure de protection afin de s’assurer que la personne protégée reste bien accompagnée et en sécurité.
La procédure de mise sous tutelle ou curatelle est gratuite. Cependant, la personne protégée peut avoir certains frais à régler.
Pour obtenir un certificat médical circonstancié, la personne protégée devra débourser 192 € (160 € hors taxes). Si aucun avis médical ne figure sur ce dossier, elle devra consulter un médecin expert pour en obtenir un. Cette consultation est facturée 25 €.
- en partie par des fonds publics
- en partie par la personne protégée, en fonction de ses revenus.
Si les ressources de la personne protégée sont inférieures à 11 612 € par an, aucune participation ne lui est demandée. Au-delà, une somme modeste est prélevée chaque mois, calculée par tranches comme pour l’impôt. Par exemple, avec 20 000 € annuels de revenus, la contribution est d’environ 70 € par mois.
Pour en savoir plus, regardez la vidéo suivante :
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