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Colocation seniors : l’habitat partagé pour personnes âgées
Face à la pénurie de logements et à l’isolement des seniors, les formules d’habitat intergénérationnel séduisent de plus en plus jeunes et moins jeunes en France. Parmi elles, deux dispositifs se distinguent : la cohabitation et la colocation intergénérationnelles. Ces deux modèles solidaires rapprochent les générations, tout en répondant à des besoins concrets de logement, de compagnie et de soutien mutuel. Mais comment fonctionnent-ils ? Et pour laquelle de ces solutions opter ?
Les solutions d'hébergement favorisant la mixité entre les générations apportent des réponses concrètes et bienveillantes aux problématiques d'isolement et aux difficultés de logement.
Un senior de plus de 60 ans (l’hôte-hébergeur) loue ou sous-loue une chambre de son logement à un jeune de moins de 30 ans (le cohabitant ou l’hébergé), souvent étudiant ou jeune actif. En échange, ce dernier paie un loyer modéré voire dérisoire, à condition d’effectuer quelques menus services pour son hôte : aider pour les courses, préparer un repas, accompagner à des rendez-vous, proposer un peu de compagnie ou participer à de petites tâches ménagères.
Exemple : Marie, 78 ans, accueille chez elle Lucas, 22 ans, qui suit une formation d’ingénieur. Il bénéficie d’un hébergement à prix réduit en échange de sa présence et de petits services quotidiens comme préparer le dîner ou l’aider à entretenir son jardin.
En colocation intergénérationnelle, plusieurs seniors et plusieurs jeunes vivent sous le même toit. Chacun dispose de sa propre chambre et a accès à des espaces communs : cuisine, salon, salle à manger…
La colocation peut être solidaire, mais elle se différencie de la cohabitation car les services ainsi que les responsabilités sont partagés entre tous les habitants.
Exemple : Dans une grande maison à Lyon, Jeanne, 75 ans, et Pierre, 78 ans, vivent avec trois jeunes : Théo, 21 ans, étudiant en droit, Emma, 23 ans, en école de commerce, et Maxime, 24 ans, jeune actif. Chacun a sa chambre, mais ils partagent la cuisine, le salon et les tâches quotidiennes.
Pour la personne âgée, vivre avec un jeune permet de rompre la solitude, de maintenir une vie sociale active et de continuer à habiter sa maison en conservant son autonomie. La présence d’un colocataire offre tranquillité d’esprit et soutien dans certaines tâches simples, ce qui rassure également les proches. Un complément financier peut aussi contribuer à alléger les dépenses du senior.
Pour le jeune, c’est l’opportunité de bénéficier d’un logement agréable et accessible à moindre coût, dans un environnement calme et sécurisant. Vivre avec un senior, c’est aussi développer l’entraide, la patience et le respect, tout en créant des liens authentiques entre générations. Une expérience humaine riche, où chacun apporte à l’autre, au quotidien, sa présence et sa bienveillance.
Découvrir aussi : La colocation senior
La cohabitation et la colocation se distinguent par leur cadre juridique, leurs modalités financières et le rôle des acteurs qui les encadrent.
La cohabitation solidaire bénéficie depuis la loi ELAN d’un contrat spécifique, pensé pour ce type de logement partagé. À l’inverse, la colocation intergénérationnelle reste encadrée par les règles classiques de la colocation (loi ALUR).
La colocation est surtout motivée par le partage des frais : loyer, charges et abonnements sont divisés entre tous les occupants.
La cohabitation intergénérationnelle est plus flexible et privilégie les relations humaines. Selon les besoins du senior, le jeune peut choisir :
La formule conviviale : il verse alors entre 150 à 350 € par mois à son hôte et partage avec lui des moments de convivialité.
La formule solidaire : le jeune paye jusqu’à 60 € par mois et s’engage à offrir présence et petits services.
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À savoir : En cohabitation intergénérationnelle, le senior peut bénéficier d’une exonération d’impôts si la contribution financière demandée reste dans les plafonds fixés par l’administration. Pour 2025, cette contribution ne doit pas dépasser 213 € / m2 /an. |
Tableau récapitulatif des principales différences entre les deux types d’habitats partagés intergénérationnels
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Caractéristique |
Cohabitation intergénérationnelle solidaire |
Colocation intergénérationnelle |
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Cadre légal |
Loi ELAN (2018) |
Droit commun des baux, notamment la Loi ALUR |
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Type de bail |
Contrat de cohabitation intergénérationnelle |
Contrat de colocation classique |
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Statut des occupants |
Hôte senior (60+) et cohabitant jeune (<30) |
Égalité entre occupants, pas de hiérarchie. |
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Motivation principale |
Relations humaines et solidarité |
Partage des frais |
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Contrepartie |
Contribution financière modeste et/ou "menus services" |
Loyer et charges équitablement partagés |
Les associations sont des acteurs centraux de la cohabitation intergénérationnelle solidaire.
Elles mettent en relation les seniors et les jeunes qui souhaitent partager leur quotidien en s’assurant que les profils sont compatibles
Elles aident à élaborer un contrat clair qui définit les modalités de l’habitat partagé
Elles accompagnent et suivent les cohabitants tout au long du projet
Elles servent de médiateur en cas de conflit ou désaccord
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Le saviez-vous ? La cohabitation intergénérationnelle n’est pas limitée au logement privé du senior. Certains EHPAD et résidences services ouvrent également leurs portes aux jeunes : en contrepartie d’un hébergement au sein de la structure, ils participent à l’animation de la résidence et partagent des moments de convivialité avec les résidents. |
Si elle est bien organisée, la maison partagée peut constituer une excellente solution d'hébergement pour seniors.
La réussite de l'expérience repose avant tout sur une communication ouverte et l'établissement de règles claires dès le départ.
Pour que l’habitat partagé soit une réussite, plusieurs conditions doivent être réunies :
Miser sur une bonne communication : les colocataires doivent être prêts à échanger et à s'écouter pour éviter les malentendus, notamment sur les attentes de services et d'engagements.
Établir des règles claires : définir les règles et les responsabilités de chacun permet d’éviter les tensions et de maintenir une atmosphère harmonieuse.
Bien choisir son logement : il doit être adapté aux besoins de chacun, notamment à ceux du grand âge, avec des pièces communes conviviales qui favorisent les interactions sociales.
Si la colocation peut être un choix judicieux pour partager les frais, la cohabitation intergénérationnelle solidaire se distingue par sa vocation profondément humaine et son cadre sécurisé. En créant un lien durable entre les seniors et les jeunes, ce dispositif contribue à construire un tissu social plus inclusif, à transmettre des valeurs de solidarité et à enrichir les existences.
C'est une véritable "aventure humaine" qui invite à redécouvrir la richesse du "vivre ensemble". Pour vous lancer dans ce projet, n'hésitez pas à vous rapprocher d'une association locale du réseau Cohabilis ou d'autres acteurs spécialisés pour un accompagnement sur mesure.
Le dispositif de cohabitation solidaire est ouvert aux personnes de plus de 60 ans et aux jeunes de moins de 30 ans. Renseignez-vous auprès de votre ADIL pour connaître connaître les logements disponibles, les conditions d’éligibilité et les aides financières possibles.
Oui, un jeune cohabitant peut bénéficier des APL sous certaines conditions, et il est conseillé de faire une simulation sur le site de la CAF pour connaître ses droits.
Non, un bailleur ne peut pas s'y opposer si le senior l'en informe au préalable.
La durée est librement convenue, souvent calquée sur l'année scolaire pour les étudiants. La durée maximale du contrat est d'un an, renouvelable.
Un "menu service" est un petit coup de main quotidien (fermer les volets, sortir les poubelles...) et ne doit en aucun cas être confondu avec des soins infirmiers ou de l'aide à domicile.
*Une étude d'Harvard a montré que les seniors les plus connectés socialement vivent plus longtemps et en meilleure santé.
Par l'équipe rédactionnelle de Retraite Plus
Publié le 10/11/25
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