Le syndrome de glissement est une situation clinique grave qui peut survenir chez une personne âgée fragilisée, souvent après un choc physique ou émotionnel. Mal connu du grand public, ce phénomène inquiète naturellement les familles lorsqu’il est évoqué par les professionnels de santé. Cet article vous aide à mieux comprendre ce syndrome, à identifier les signes d’alerte, et à accompagner au mieux un proche qui traverse cette épreuve.
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Le syndrome de glissement plonge la personne âgée dans un état de renoncement progressif, tant physique que psychique.
Le syndrome de glissement est un concept utilisé presque exclusivement en France, dans le champ de la gériatrie. Il décrit une dégradation rapide de l’état général d’une personne âgée qui cesse progressivement de s’alimenter, de boire, de bouger ou de communiquer. Ce retrait soudain apparaît souvent après un événement de vie marquant ou un problème médical.
Le syndrome de glissement a été décrit par le gériatre Jean Carrié. Il correspond à une dégradation rapide de l’état de santé chez les personnes âgées fragiles, qui se sentent glisser vers un état d’inactivité et de repli progressif. Il concerne 1 à 4 % des personnes hospitalisées âgées de plus de 70 ans et particulièrement fragiles, mais avec une moyenne plutôt située autour des 80 ans.
S’ils ne sont pas pris en charge, les symptômes physiques et psychiques associés au syndrome de glissement peuvent mener à une détresse vitale.
Le glissement n’est pas une maladie en soi, mais plutôt une réaction à un traumatisme, au vieillissement ou à une perte brutale de repères. Selon la fragilité de chacun, l’angoisse liée à l’événement tragique peut ainsi engendrer un syndrome de glissement, après un intervalle de quelques jours à un mois.
Le syndrome de glissement peut être déclenché par un problème de santé : maladie aiguë, infection, chute, séjour hospitalier, dénutrition… Chez la personne âgée, le vieillissement fragilise les capacités d’adaptation du corps. Des problèmes qui seraient mineurs chez un adulte plus jeune peuvent chez une personne âgée déclencher rapidement un syndrome de glissement.
Les événements de vie difficiles peuvent également être à l’origine d’un syndrome de glissement : le décès du conjoint, un accident ou encore une entrée en maison de retraite mal préparée et vécue comme un abandon.
Le choc émotionnel conduit parfois à un refus de soins ou à un désintérêt total pour la vie quotidienne.
Les seniors polypathologiques — c’est-à-dire souffrant de plusieurs maladies chroniques — ou déjà en perte d’autonomie sont particulièrement vulnérables. Le syndrome de glissement touche plus fréquemment les personnes âgées de 80 ans, fragilisées et souffrant de certaines pathologies comme le diabète, les troubles cardiaques ou respiratoires et des antécédents neuromusculaires.
Le syndrome de glissement se caractérise par un changement de comportement assez soudain chez une personne âgée. Ces symptômes ne doivent jamais être ignorés : ils signalent un danger vital.
Les symptômes physiques apparaissent souvent en premier :
Anorexie et dénutrition liées à un refus de s’alimenter (refus d’ouvrir la bouche ou même de déglutir).
Absence de soif conduisant à une déshydratation
Fatigue généralisée et très marquée
Constipation chronique et rétention urinaire
Insomnie ou hypersomnie
Perte d’autonomie dans les gestes de la vie quotidienne comme se laver, s’habiller, se déplacer…
Le glissement s’accompagne également de symptômes psychologiques tels que :
Repli sur soi, mutisme, déclin cognitif
Opposition aux soins
Agressivité ou au contraire grande passivité
Tendance dépressive
Refus de bouger, de se lever du lit
Confusion et désorientation
Si la personne âgée n’est pas prise en charge rapidement, le glissement peut évoluer vers une défaillance des fonctions vitales : déshydratation sévère, infections, troubles cardiaques…
Chez les personnes âgées, il n’est pas rare de confondre le syndrome de glissement et la dépression, car tous deux entraînent un repli sur soi et une baisse d’activité. Pourtant, ces deux états diffèrent par leur déclenchement, leur progression et leur gravité. Le tableau ci-dessous résume les points essentiels à connaître.
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Critère |
Syndrome de glissement |
Dépression |
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Début |
Brutal, souvent après un choc physique ou psychologique |
Progressif, sur plusieurs semaines ou mois |
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Évolution |
Rapide, sévère et potentiellement mortelle |
Chronique ou récurrente, rarement immédiatement menaçante |
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Symptômes |
Retrait complet, mutisme, immobilité, refus de boire et de manger |
Tristesse, perte d’intérêt, fatigue, troubles du sommeil et de l’appétit, isolement partiel |
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Causes fréquentes |
Maladie aiguë, hospitalisation, perte de capacités physiques, choc psychologique |
Facteurs biologiques, isolement, deuil, stress, maladies chroniques |
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Prise en charge |
Urgente : stimulation, soins médicaux, alimentation assistée |
Médicale et psychologique : antidépresseurs si nécessaire, psychothérapie, activités sociales |
Savoir reconnaître un syndrome de glissement est essentiel, car il peut évoluer rapidement et mettre en danger la personne âgée.
Les professionnels qui interviennent auprès de la personne âgée - à domicile, en EHPAD ou à l’hôpital - peuvent rapidement repérer les premiers symptômes du syndrome de glissement. Les gériatres coordonnent les soins et orientent la prise en charge.
Des examens médicaux permettent d’évaluer l’état nutritionnel, l’hydratation et la présence éventuelle d’une infection ou d’une maladie sous-jacente. Parallèlement, un accompagnement psychologique est souvent nécessaire pour identifier les causes émotionnelles et soutenir la personne dans ce moment difficile.
Les familles sont souvent les premières à remarquer un changement brutal d’attitude ou un repli soudain. Il est important de garder à l’esprit qu’une personne souffrant d’un syndrome de glissement ne fera pas appel à l’aide d’un tiers puisqu’elle refuse justement de se soigner. Votre vigilance est donc précieuse : si votre proche âgé présente l’un des symptômes précités, n’hésitez pas à en parler à son médecin traitant. Une réaction rapide augmente les chances de guérison et peut permettre d’éviter que la personne, même remise du syndrome de glissement, ne reste dépendante du fait d’un alitement prolongé et d’une atrophie musculaire.
En cas de syndrome de glissement confirmé, la prise en charge englobe différents aspects.
La première étape du traitement consiste à stabiliser l’état physique de la personne âgée. Cela passe par une réhydratation, un soutien nutritionnel adapté et parfois un séjour à l’hôpital.
Ces soins permettent au corps de retrouver assez de forces pour amorcer la suite du traitement.
La personne âgée a besoin d’être entourée, rassurée, sécurisée. Le lien affectif joue un rôle déterminant dans la sortie du glissement.
En plus d’un suivi psychologique, la visite régulière des proches (à domicile ou en maison de retraite) et un environnement calme et sécurisant favorisent la rémission.
La prise en charge d’une personne âgée présentant un syndrome de glissement mobilise plusieurs professionnels de santé : infirmiers, aides-soignants, psychologues, gériatres, kinésithérapeutes et parfois travailleurs sociaux.
En EHPAD, cette prise en charge est facilitée car les établissements disposent d’une équipe pluridisciplinaire capable d’agir de façon coordonnée pour couvrir tous les aspects du syndrome de glissement.
Au vu de l’évolution brutale du syndrome et des difficultés liées à la prise en charge, la prévention est d’autant plus fondamentale et reste la façon la plus efficace de protéger son proche.
Surveiller l’état de santé global d’un senior, sa mobilité, son appétit, son sommeil ou son moral, permet de détecter des signaux d’alerte. La fatigue inhabituelle, le retrait social ou la baisse d’intérêt pour les activités sont des signaux à ne pas négliger. En tant que proche ou aidant, votre rôle ici est central : votre attention quotidienne permet d’anticiper et d’intervenir avant que sa condition ne s’aggrave.
L’isolement social et le sentiment d’inutilité sont parmi les principaux facteurs de risque du syndrome de glissement. Encourager les activités adaptées, les visites régulières, les échanges et les moments de partage aide la personne âgée à se sentir valorisée et soutenue. Les activités physiques légères, les jeux, la lecture ou simplement la conversation peuvent renforcer le lien social tout en stimulant le corps et l’esprit.
Après un problème de santé ou un séjour à l’hôpital, un suivi régulier par le médecin et par l’équipe de soins est indispensable. Des bilans médicaux, un suivi des traitements et une surveillance de la nutrition et de l’hydratation permettent de réduire fortement la possibilité d’apparition d’un syndrome de glissement.
Le syndrome de glissement peut évoluer rapidement si aucun traitement n’est mis en place.
Sans intervention, le syndrome de glissement peut entraîner une détérioration rapide de l’état général. La personne peut s’affaiblir de plus en plus et devenir très vulnérable aux infections et aux complications médicales. Plus la prise en charge est tardive, plus le risque de dégradation sévère augmente.
Une intervention rapide permet souvent d’inverser la tendance. Une réhydratation appropriée, une alimentation adaptée, un suivi médical et un accompagnement psychologique peuvent permettre à la personne de retrouver sa vitalité et son autonomie. Même les symptômes psychologiques comme le repli ou le mutisme peuvent s’améliorer lorsque la personne est rassurée et stimulée par un environnement sécurisant et des soins adaptés.
Votre présence peut faire toute la différence dans le rétablissement de votre proche. Les encouragements, les petites attentions et le simple fait de maintenir un lien affectif lui apportent sécurité et réconfort. Partager des moments du quotidien, même simples — comme discuter, lire ensemble ou l’accompagner dans une activité légère — aide à redonner du moral, de la motivation et de la confiance, tout en renforçant son bien-être général.
Accompagner un proche touché par le syndrome de glissement peut être difficile et éprouvant. Chaque geste compte, et votre soutien au quotidien joue un rôle essentiel dans son rétablissement.
Votre proche a besoin de vous pour traverser cette épreuve difficile. Parlez-lui doucement, proposez-lui de petites activités adaptées, rappelez-lui des souvenirs agréables ou accompagnez-le lors des soins. Chaque geste, même simple, peut contribuer à redonner confiance, sécurité et plaisir de vivre.
Lorsqu’une personne âgée souffre d’un syndrome de glissement, la prise en charge peut être difficile à domicile car elle nécessite la mobilisation des proches et de nombreux professionnels de santé. C’est pourquoi, une entrée en EHPAD est souvent recommandée car la personne âgée pourra y recevoir tous les soins dont elle a besoin et être surveillée en permanence. Certains cas peuvent cependant nécessiter une hospitalisation.
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Oui, s’il est pris en charge rapidement. Le traitement repose sur la réintroduction d’aliments, l’hydratation, le soutien psychologique et le maintien du lien social.
La dépression évolue lentement, tandis que le glissement entraîne une dégradation brutale et potentiellement mortelle.
Oui : une attention particulière au moral, à l’appétit et à l’hydratation est essentielle, car ce moment fragilise souvent les seniors.
Il concerne presque exclusivement les personnes âgées, dont l’état général est plus fragile et plus vulnérable aux chocs émotionnels.
Par l'équipe rédactionnelle de Retraite Plus
MAJ le 18/11/25
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