Les personnes âgées fragilisées ou dépendantes sont souvent contraintes de rester assises ou allongées. Maintenues de façon prolongée, ces positions peuvent entraîner des escarres, une affection cutanée fréquente mais pouvant dégénérer vers des complications sévères. Souvent sous-estimées, elles peuvent pourtant entraîner des douleurs, des infections importantes et altérer considérablement la qualité de vie du patient. Les escarres évoluent généralement en 4 stades et affectent plus particulièrement certaines zones à risque. Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur ces plaies cutanées, comment les repérer, les prévenir et les traiter efficacement.
Une escarre est une plaie causée par une pression prolongée sur une zone de la peau. Elle survient le plus souvent chez les personnes alitées ou en fauteuil roulant, lorsque certaines parties du corps subissent une pression continue contre une surface dure. Cette pression empêche le bon fonctionnement de la circulation sanguine dans les tissus, ce qui entraîne leur nécrose (mort cellulaire) et la formation d’une plaie.
Les escarres apparaissent généralement sur des zones de peau en contact avec un support, là où les os sont saillants : sacrum, talons, hanches, coudes, omoplates, etc. Ce sont ce qu’on appelle les zones à risque.
Le saviez-vous ? Les escarres portent aussi d’autres appellations comme “plaie de pression”, “ulcère de décubitus” ou “plaie de lit”. Une pression exercée pendant seulement 2 à 3 heures peut commencer à endommager la peau et les tissus profonds. |
Plusieurs facteurs peuvent être en cause :
Une immobilité prolongée : la personne âgée reste assise ou allongée de longues heures durant, sans changer de position.
Des frictions : frotte contre une surface, comme un drap ou un fauteuil, ce qui peut irriter et endommager les tissus superficiels.
Un cisaillement de la peau : la peau reste immobile alors que les tissus profonds, comme les muscles, glissent dans une direction différente, ce qui les fragilise. Ce peut être le cas lorsque une personne âgée installée en position assise dans un fauteuil, glisse lentement vers l’avant, tandis que sa peau reste en contact avec le dossier ou l’assise.
L'humidité : l’incontinence, la transpiration ou plus généralement tout ce qui maintient la peau humide peut entraîner l’apparition de lésions cutanées.
La dénutrition : le manque d’apport calorique entraîne une faiblesse qui entraîne à son tour une diminution de la mobilité, responsable de la survenue d’escarres.
Des troubles de la conscience ou des sensations : la personne ne ressent pas la douleur ou l’inconfort liés à une position inadaptée ou est dans l’incapacité de changer de position.
Les escarres évoluent généralement selon une classification en quatre stades, en fonction de la gravité de la plaie et de la profondeur des tissus atteints. Savoir les reconnaître permet de réagir au plus vite.
La peau n’est pas encore abîmée, mais une rougeur localisée (ne disparaissant pas à la pression) apparaît sur une zone de pression. La peau peut être chaude, douloureuse, ou plus dure qu’à l’habitude.
À ce stade, l’escarre est encore réversible si des soins sont mis en place immédiatement.
Les tissus superficiels sont atteints. La peau commence à se fissurer ou à se détacher. Une petite plaie peut apparaître, ressemblant à une ampoule ou à une abrasion.
La plaie s’élargit et atteint les tissus sous-cutanés. La graisse est visible, et la plaie devient plus douloureuse, plus difficile à cicatriser, avec un risque d’infection accru.
C’est le stade le plus grave. La plaie est profonde, les tissus, muscles, voire les os sont atteints. Au stade 4, le risque d'infection grave est très élevé, ce qui peut entraîner des complications sévères comme la septicémie ou l’ostéite. La guérison devient beaucoup plus difficile, et nécessite souvent des soins intensifs, voire une intervention chirurgicale. Les conséquences d’une telle affection peuvent être irréversibles et entraîner la mort du patient.
Tableau récapitulatif sur les 4 stades des escarres
Stade |
Description |
Apparence clinique |
Escarre de stade 1 |
La peau est encore intacte, mais des signes visibles indiquent une pression prolongée sur une zone précise. |
Rougeur persistante chez les peaux claires ou teinte bleuâtre/violacée sur les peaux foncées. La zone peut être chaude, douloureuse, plus ferme ou plus molle que le reste du corps. |
Escarre de stade 2 |
La couche superficielle de la peau est partiellement détruite, touchant l’épiderme et parfois le derme. |
Ulcère peu profond, semblable à une abrasion ou une ampoule. La plaie reste relativement superficielle. |
Escarre de stade 3 |
La peau est atteinte en totalité, notamment le tissu sous-cutané, sans dépasser le fascia. |
Plaie creusée, plus profonde, pouvant contenir des tissus morts ou endommagés. |
Escarre de stade 4 |
Lésion très profonde atteignant les muscles, les os ou les articulations. |
Destruction tissulaire importante, avec parfois des cavités ou fistules. Ce stade est critique. |
La prévention reste la meilleure stratégie face aux escarres. Elle repose sur une surveillance régulière, des soins adaptés et des changements de position fréquents.
Le premier réflexe à adopter est de changer de position aussi souvent que possible. Pour les personnes âgées alitées ou en fauteuil, Il est conseillé de modifier la position des personnes âgées alitées ou en fauteuil au moins toutes les deux heures. Cela permet de soulager la pression exercée sur certaines parties du corps, notamment au niveau des talons, du sacrum ou des hanches — des zones particulièrement à risque.
Pour prévenir l’apparition de ces plaies chroniques il est conseillé du matériel orthopédique adapté : matelas anti-escarres, coussins ergonomiques, alèses spécifiques, supports pour les talons… Ces dispositifs, souvent prescrits par un professionnel de santé, permettent de réduire la pression sur les zones sensibles.
Une prise en charge précoce permet d’éviter que l’escarre n’évolue vers un stade plus grave. Il est donc essentiel d’inspecter régulièrement la peau, en particulier les zones sensibles. Si vous constatez une rougeur persistante, une sensation de chaleur, une peau dure ou douloureuse, contactez un professionnel de santé sans attendre.
Une peau propre et bien hydratée est plus résistante aux agressions. On veillera donc à :
laver la peau avec des produits doux,
bien la sécher (notamment les plis cutanés),
appliquer des crèmes hydratantes si besoin.
La nutrition joue un rôle clé dans la prévention des escarres. Un apport suffisant en protéines, en vitamines (notamment en vitamine C et vitamine A), ainsi qu’en zinc, contribue à la régénération des tissus.
Une bonne hydratation aide à garder la peau souple et résistante. Chez les patients à risque, boire régulièrement (eau, tisanes, aliments riches en eau) est indispensable pour préserver l’élasticité de la peau et favoriser la circulation sanguine.
Le traitement dépend du stade de l’escarre et de l’état général du patient. Il est généralement assuré par une équipe de soins infirmiers, en lien avec le médecin traitant.
Chaque plaie doit être soigneusement nettoyée pour éviter l’infection. Selon le stade, l’infirmier peut être amené à :
désinfecter la plaie,
débrider (c’est-à-dire, retirer les tissus morts),
appliquer un pansement adapté.
Certains pansements permettent de maintenir un bon niveau d’humidité, ce qui favorise la cicatrisation.
Le traitement consiste également à libérer la pression qui s’exerce sur la zone lésée. Pour cela, des coussins ou des matelas spécialisés peuvent être prescrits. Le patient devra également être repositionné plusieurs fois par jour pour prévenir l’apparition d’ulcères.
En cas de signes d’infection (rougeur, écoulement, fièvre), un traitement antibiotique peut être prescrit. Les escarres profondes peuvent nécessiter une intervention chirurgicale.
Les premiers signes d’une escarre apparaissent souvent sur une zone de pression qui sont aussi les plus à risque. La peau peut devenir rouge, chaude, douloureuse ou présenter des démangeaisons. Chez certains patients, la zone affectée peut être plus ferme ou plus molle que le reste des tissus. Pour détecter ce genre d’anomalies , il faut surveiller régulièrement l’état de la peau et agir rapidement pour éviter qu’elles n’évoluent vers un stade plus grave.
La zone la plus touchée par cette affection cutanée est le sacrum, en bas du dos. Cette partie du corps supporte souvent une forte pression, surtout chez les patients allongés ou en position assise prolongée. D'autres zones à risque incluent les talons, les hanches, les coudes et les omoplates.
Cela dépend du stade. Une escarre de stade 1 peut guérir en quelques jours avec des soins adaptés. Une escarre de stade 4 peut nécessiter plusieurs semaines, voire des mois de traitement.
Oui. Les EHPAD mettent en place des protocoles spécifiques de prévention des escarres : repositionnement régulier, suivi nutritionnel, soins cutanés, matériel adapté. Le personnel surveille attentivement l’état de la peau pour prévenir l’apparition de plaies douloureuses.
Sources :
www.has-sante.fr
Par l'équipe rédactionnelle de Retraite Plus
Mis en ligne le 17/07/25
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